Trente-sept volontaires jumétois prendront part aux glorieuses journées de septembre1830. Parmi eux, François Houtart, maître de verrerie, et Auguste Frison qui deviendra le premier bourgmestre de Jumet.
Le 26 octobre 1830, le Gouvernement provisoire décrète la mise sur pied d'une garde civique dans toutes les communes du pays. Une loi du 31 décembre de la même année prescrit que: «dans les villes où il y 400 gardes en service effectif, il est loisible au Conseil communal d'accorder la formation d'une compagnie d'artillerie».
À Charleroi, la majeure partie des volontaires et les meilleurs éléments du premier ban de la Garde civique constitueront, dès novembre 1830, une compagnie de canonniers, à l'origine de la batterie de la Garde civique de Charleroi.
La société «La Garde civique de Charleroi – 1830" est fondée le 26 août 1949, au café Sainte Barbe (l'actuelle maison paroissiale) situé sur la place du Chef-Lieu. Les Jumétois découvriront leurs uniformes lors de la Madeleine de 1950.
Les principaux fondateurs sont Marcel Rousseau, ex-amiral des Matelots, et Victor Thevenier. Occupés tous les deux à la centrale électrique de Monceau-sur-Sambre, ils sont rejoints dès la formation de la société par plusieurs de leurs collègues de travail. Les membres d'honneur font également partie de la même entreprise: Maurice Scohy, ingénieur chimiste, et l'oncle de Victor Thevenier, Louis Lambert, par ailleurs commandant en chef au sein de l'État-Major du Tour.
Marcel Rousseau, nommé président, et Victor Thevenier, trésorier, sont épaulés par Henri Himpe, élu secrétaire. Parmi les premiers engagés, figurent Robert Dery, porte-drapeau, Charles Decooman, tambour-major, Louis et Camille Divers, les deux cavaliers, Joseph Henry, Joseph Rousseau, René Huteau, Mauro D'Achille et Pierre-Joseph Dery, tenancier du local.
Louis Leconte, alors conservateur du Musée de l'Armée à Bruxelles, aidera la société à reconstituer les uniformes avec exactitude; la tenue choisie sera celle de la 1ère Compagnie d'artillerie de la Garde civique de Charleroi.
Le drapeau sera la réplique de l'emblème offert le 25 avril 1831 à la compagnie d'artillerie de la Garde civique de Charleroi par le Gouvernement provisoire en souvenir des journées de septembre 1830. Il porte sur une face les inscriptions «Garde civique de Charleroi 1830 – Ière Compagnie d'artillerie – Journées des 23, 24, 25, 26, 27 septembre 1830». On peut lire sur l'autre face «Marche de la Madeleine – 1950 – Jumet» et la devise «Liberté – Ordre public».
Dès sa fondation, la Garde civique introduit dans ses rangs un canon attelé par deux chevaux. Cette pièce d'artillerie sera réalisée d'après un canon hollandais utilisé lors des combats dans le Parc de Bruxelles en septembre 1830.
La société participe ainsi à la Madeleine entre 1950 et 1956, accompagnée de trois tambours et d'un fifre. Lors de sa dissolution, son drapeau est déposé dans les archives de la chapelle de Heigne.
Il faudra attendre plus d'un quart de siècle avant de la voir revivre. En septembre 1983, lors de la braderie de Jumet-Brûlotte, plusieurs habitants du quartier de la Station tout proche imaginent de reformer la société disparue. Il y a là Henri Comelis, Jean-Pierre Dardenne, René Dumonceau, Jean-Marie Hubert, Alain Jaupain et Michel Rocroix. Les rejoignent Jean-Jacques Adam, Joseph Caruso, John Hubert, Thierry Quisenaire et Luc Vanham.
Alain Jaupain suggère alors de reconstituer la Garde civique de Charleroi. Le projet est adopté, un comité est formé sous la présidence de René Dumonceau, avec Alain Jaupain, secrétaire et commandant, et Michel Rocroix, trésorier.
En 1993, le comité se compose de Roger Dulluins, président, Pierre Vanesse, secrétaire et Jean-Marie Hubert, trésorier et commandant. Jean- Pierre Dardenne est porte-drapeau depuis la fondation. Alain Jaupain, secrétaire-fondateur, passera ensuite dans l'État-Major du Tour.
Les uniformes, coupés sur la base de documents consultés au Musée de l'Armée à Bruxelles et dans les musées de Mons et de Tournai, sont identiques à ceux de la première société. La tunique, sarrau plissé descendant jusqu'aux genoux, est bleu foncé. Le pantalon est noir avec un liseré rouge et le shako noir est garni d'une cocarde tricolore et d'un pompon rouge. Les officiers se distinguent par le port d'un panache en crin blanc.
Lors de ses deux premières sorties en 1984 et 1985, la Garde civique marche avec le drapeau de 1950, sorti de son dépôt de la chapelle de Heigne. En 1986, la société réalise son propre drapeau, réplique exacte de l'emblème original.
Toujours en 1985, la société se dote d'un canon. René Zone, général de la Madeleine, réalise le train de roues avec celui de l'ancien corbillard de l'Administration communale de Jumet, datant de 1830! Le fût du canon est fabriqué par René Huart. Cette pièce d'artillerie fut d'abord tirée à bout de bras. À l'heure actuelle, elle est attachée à un caisson d'artillerie attelé, oeuvre de René Dumonceau et Hector Camus.
À l'occasion d'une réception organisée le jeudi de la Madeleine 1992, Marcel Rousseau, créateur de la Garde civique en 1950, a remis son uniforme à la société actuelle, marquant ainsi le lien entre deux époques.
La Garde civique de Charleroi, formée d'une quinzaine de membres, est accompagnée d'une batterie de fifres et de tambours.
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